Culte du 21 février 2021 – Luc 4, 16 – 30

Par le Pasteur Brice Deymié — Send in a voice message: https://podcasters.spotify.com/pod/show/eglisebeyrouth/message

La grâce et la paix vous sont données de la part de Dieu notre Père et de Jésus-Christ notre Sauveur. Le Seigneur nous appelle. Le Seigneur nous rassemble. Le Seigneur nous unit. Il est présent parmi nous. 

Père, nous te remercions pour ce jour et cette heure mis à part dans notre vie. Voici un temps de paix, d’écoute et de louange ; un temps où, par ton Esprit, nous apprenons à vivre en communion avec Jésus-Christ. 

Louange

Nous te louons : tu nous aimes et nous sommes tes enfants. Nous te louons pour Jésus-Christ : il a proclamé la bonne nouvelle du Royaume. Nous te louons pour l’Esprit Saint : il nous rassemble malgré nos différences, et fait de nous un seul peuple, ton peuple. Nous te louons pour ce jour qui nous fait entrer dans la joie de ton Règne. Amen

Prière de repentance

En ce premier jour de la semaine, nous regardons vers toi, Dieu d’amour. Tu nous as donné le pain de chaque jour, tu nous as réjouis par ta création, tu nous as assurés de ta miséricorde par le Christ, mais nous ne t’avons pas dit notre reconnaissance. Pardonne-nous. Tu nous as fait entendre des nouvelles de toute la terre, tu as mis devant nos yeux la souffrance de nos frères et de nos sœurs, mais nous lui sommes souvent restés insensibles. Pardonne-nous. Tu nous as accompagnés dans notre chemin quotidien, mais devant les soucis, nous avons été gagnés par la crainte et devant la tâche que tu nous indiquais, nous n’avons pas su t’obéir. Pardonne-nous. Accorde-nous, Père, des cœurs reconnaissants, attentifs, et disponibles pour ton service. Amen. 

Déclaration du pardon

 “Quand les montagnes s’effondreraient, dit Dieu, Quand les collines chancelleraient, Ma bonté pour toi ne faiblira point et mon alliance de paix ne sera pas ébranlée. Je t’aime d’un amour éternel, et je te garde ma miséricorde”. Et voici comment Dieu a manifesté son amour : “Il a envoyé son Fils unique dans le monde afin que, par lui, nous ayons la vie”. Que Dieu nous mette au cœur l’assurance de son pardon et qu’Il nous donne de marcher vers son Royaume.  Amen

Prière d’illumination

Père, ta Parole est pour nous ferment du Royaume et germe d’espérance. Que par ton Esprit, nous la recevions avec simplicité et avec joie. Que cette Parole nous fasse porter les fruits que tu attends. Nous te le demandons par Jésus-Christ, notre Seigneur. Amen.  

 Luc 4, 16 – 30

16 Jésus se rendit à Nazareth, où il avait été élevé. Le jour du sabbat, il entra dans la synagogue selon son habitude. Il se leva pour lire les Écritures 17 et on lui remit le rouleau du livre du prophète Ésaïe. Il le déroula et trouva le passage où il est écrit :

18« L’Esprit du Seigneur est sur moi, il m’a choisi pour son service afin d’apporter la bonne nouvelle aux pauvres. Il m’a envoyé pour proclamer la délivrance aux prisonniers et aux aveugles le retour à la vue, pour libérer les opprimés, 19 pour annoncer l’année où le Seigneur manifestera sa faveur. »

20 Puis Jésus roula le livre, le rendit au serviteur et s’assit. Toutes les personnes présentes dans la synagogue fixaient les yeux sur lui. 21 Alors il se mit à leur dire : « Ce passage de l’Écriture est accompli, aujourd’hui, pour vous qui m’écoutez. » 22Tous exprimaient leur admiration à l’égard de Jésus et s’étonnaient des paroles de grâce qu’il prononçait. Ils disaient : « N’est-il pas le fils de Joseph ? » 23 Jésus leur dit : « Vous allez certainement me citer ce proverbe : “Médecin, guéris-toi toi-même.” Vous me direz aussi : “Nous avons appris tout ce que tu as fait à Capharnaüm, accomplis les mêmes choses ici, dans ta propre ville.” » 24 Puis il ajouta : « Je vous le déclare, c’est la vérité : aucun prophète n’est bien reçu dans son pays. 25 De plus, je vous assure qu’il y avait beaucoup de veuves en Israël à l’époque d’Élie, lorsque la pluie ne tomba pas durant trois ans et demi et qu’une grande famine sévit dans tout le pays. 26 Pourtant Dieu n’envoya Élie chez aucune d’elles, mais seulement chez une veuve qui vivait à Sarepta, au pays de Sidon. 27 Il y avait aussi beaucoup de lépreux en Israël à l’époque du prophète Élisée ; pourtant aucun d’eux ne fut purifié de la lèpre, mais seulement Naaman le Syrien. »

28 Tous, dans la synagogue, furent remplis de fureur en entendant ces mots. 29 Ils se levèrent, entraînèrent Jésus hors de la ville et le menèrent au sommet de l’escarpement sur lequel Nazareth était bâtie, afin de le précipiter dans le vide. 30 Mais il passa au milieu d’eux et s’en alla.

Prédication

Aujourd’hui l’Evangile du jour nous propose le retour au pays. Jésus après avoir été en tournée triomphale, selon Luc, en Galilée,  s’en retourne chez lui et participe au service du sabbat à la Synagogue de Nazareth. Il lit le livre du prophète Esaïe où Esaïe annonce une année d’accueil de la part du Seigneur, c’est-à-dire l’année jubilaire, la remise des dettes et la libération des captifs (voir Lévitique 25). Ce texte est à fort connotation messianique s’inscrit en droite ligne après la tentation dans le désert. La tentation dans le désert institue Jésus comme lecteur de l’Ancienne Alliance et comme interprète final du texte et conteste la lecture que fait le diable de l’Ecriture.  Trop beau pour être vrai pourrait dire les auditeurs d’une telle prédication, bien entendu le bouleversement du monde n’a encore pas eu lieu mais l’accomplissement se réalise dans la personne même de Jésus.   Cette ouverture presque universelle, si ce terme n’était pas totalement anachronique, se poursuit par une plongée dans le terroir qui a vu grandir Jésus. Il ne suffisait donc pas qu’il s’élance sur les routes de Galilée après avoir triomphé du diable, comme un messie super-héros, il fallait qu’il retourne chez lui et se confronte à ceux qui le connaissent non pas comme « vainqueur du diable » mais comme « fils de Joseph ». Jésus est homme, pas sur-homme.  

Deuxième aspect : pourquoi c’est chez lui à Nazareth que Jésus choisit de dire avec plein d’autorité que les paroles du prophètes Esaïe sont maintenant accomplies, ne cherchez plus « l’oint du Seigneur » dit Jésus vous l’avez devant vous. Les assistants sont frappés par l’autorité de ces paroles mais il était difficile de penser que de telles paroles ne provoqueraient pas l’interrogation sur son origine : mais c’est bien le fils de Joseph le charpentier, pour qui se prend-il ?  L’interrogation porte sur l’identité même de Jésus, comme je le disais plus haut, Luc essaye de concilier l’identité messianique avec l’identité généalogique. Dans les évangiles de Marc et Matthieu qui relate à peu près le même genre d’épisode : c’est à Nazareth mais non pas à la suite d’une lecture mais après un miracle et un enseignement qui lui est dit : « comment de tels miracles se font-ils par ses mains ? N’est-ce pas le charpentier, le fils de Marie, le frère de Jacques, de José, de Judas et de Simon ? Ses sœurs ne sont-elles pas ici, parmi nous ? » (Marc 6, 3) Matthieu et Marc insistent encore plus que Luc pour inscrire Jésus dans une famille très concrète, ses frères et ses sœurs sont connus, les gens de Nazareth les fréquentent tous les jours.  Les évangélistes sont préoccupés d’inscrire la messianité de Jésus dans une histoire humaine qui a un passé charnel.  C’est fondamental pour donner au temps messianique son sens.  En donnant une place corporelle à Jésus, Luc voudrait dire ce qu’est le présent messianique.

 Si l’irruption messianique dans notre monde est comme un tremplin vers l’éternité, un chemin hors de l’histoire, le messie par contre est dans l’histoire présente du monde. En quelques phrases Luc pose le paradoxe de la messianité de Jésus et surtout veut éviter que ses lecteurs, c’est-à-dire ceux qui ne sont plus contemporains de Jésus, ne voient en Jésus qu’une présence éthérée de Dieu.  Luc ne veut pas que l’avenir messianique hypothèque l’aujourd’hui de la proclamation.  Il installe les débuts du ministère de Jésus dans un tableau de proximité, dans un territoire circonscrit.

Troisième aspect : il faut sortir du tableau, sortir du territoire, dire aussi que la messianité n’a pas de patrie. Le célèbre : « nul n’est prophète en son pays » vient dire que la parole nécessite une certaine distance pour être appréciée dans sa juste mesure. L’évangile de Jean dira de la même façon :  «  il est venu parmi les siens et les siens ne l’ont pas reconnu » La parole est jaugée non dans sa valeur propre mais en fonction de considération annexe, en fonction d’une histoire locale, d’un temps qui n’est pas la sienne. Deux exemples tirés des Ecritures vont servir ce propos : les histoires d’Elie et Elisée. On trouve l’histoire d’Elie au premier Livre des Rois (1 R 17) : elle met en scène une veuve de la ville de Sarepta, en plein pays païen, la Phénicie ; Elie lui demande l’hospitalité, en période de sécheresse, et, malgré sa pauvreté, elle vient en aide au prophète étranger, dans lequel elle reconnaît un homme de Dieu. Cela a suffi pour qu’Elie accomplisse pour elle deux miracles ; d’abord il la sauve de la famine : on se souvient de la fameuse promesse d’Elie « jarre de farine point ne s’épuisera, vase d’huile point ne se videra jusqu’au jour où le Seigneur donnera la pluie pour arroser la terre ». Quant au deuxième miracle, c’est la guérison de son fils unique. Cette païenne a su se montrer accueillante à ce prophète étranger au moment même où il était un paria et un exclu dans son propre pays. Bien lui en a pris !

 L’histoire d’Elisée, elle, se trouve au Deuxième Livre des Rois (2 R 5) : Naaman est un général syrien, vainqueur militaire d’Israël ; par malheur il est atteint de la lèpre ; il a eu vent des talents de guérisseur du prophète Elisée et se rend chez lui en grande tenue, bardé de cadeaux et de recommandations. Mais Elisée le décevra un peu ; c’est seulement quand il aura accepté de se plier humblement aux ordres du prophète que Naaman sera guéri : « Va ! Lave-toi sept fois dans le Jourdain. » Il se soumet donc et il descend jusqu’au Jourdain : geste très simple qui lui paraît dérisoire, à lui, général, favori du roi de Damas… mais geste symbolique d’humilité et de soumission au prophète du Dieu d’Israël. On connaît la suite : il est guéri et bien sûr il se convertit au Dieu d’Israël.

Certainement faut-il voir dans ces exemples cités par Jésus, le fait que sa parole n’est pas destinée uniquement à Israël, beaucoup de textes du Nouveau Testament vont dans ce sens d’ailleurs. Mais il ne faut pas non plus pratiquer une lecture à sens unique, du genre: l’Evangile invalide la promesse de Dieu faite aux juifs et la donne aux païens. Un peu rapide, me semble-t-il pour expliquer ce texte. Un peu binaire: les juifs sont les mauvais qui n’ont pas reçu le messie et les païens des braves types qui n’attendaient que cette parole pour se convertir. Pourquoi donc passer la frontière pour aller s’occuper d’une veuve étrangère, alors qu’ils en existent beaucoup en Israël et pourquoi guérir un général étranger alors qu’il y a beaucoup de lépreux en Israël ? Jésus cite ces deux exemples en mettant en perspective l’un et le multiple, l’un étranger et le multiple local, on pourrait parler d’exception singulière. Jésus parle de sa messianité en mettant en exergue une singularité étrangère. Les deux exemples choisis montrent deux guérisons, deux attentions portés à deux êtres singuliers, une veuve et un grand général, une pauvre et un riche, une qui accueille un prophète en cavale qui fuit la famine et l’autre qui se rend auprès d’Elisée parce qu’il a entendu parler de ses dons de guérisseur, qui se rend après de lui en vainqueur. Deux situations qui  semblent ne pas refléter uniquement la thématique: l’Evangile pour les nations. Ni dans un cas, ni dans l’autre l’objectif n’était la conversion. Ni dans un cas, ni dans l’autre il y a eu propagation de l’événement et le général syrien précise même que face à son maître il devra faire semblant de sacrifier à des dieux païens, comme universalisation de la parole, on fait quand même mieux. Jésus passe la frontière, symbolique, pour détacher la parole du “local” du “terroir”. En donnant ces deux exemples il ne dit pas à ses auditeurs: “c’est bien fait pour vous vous n’aurez rien” ,il leur demande d’imaginer une parole disons “messianique”, en territoire étranger, imaginer le décor, la réception de cette parole, son acceptation, son histoire et son devenir. Il leur demande d’apprécier le contraste. La parole singulière qui s’oppose à la guérison de masse. Dans la continuité du texte de la tentation, Jésus fait remarquer que son messianisme a une saveur particulière très éloigné de ce que l’on pourrait appeler: “un populisme messianique”. Ce n’est pas “demain on rase gratis”.  Le messianisme n’est pas un dû c’est l’accueil d’une promesse même si les événements contemporains semblent contredire celle-ci. Je pense que l’évocation de l’autre territoire qu’il soit étranger ou même Capharnaüm par comparaison avec Nazareth, le lieu d’origine du Christ permet de signifier que le lieu n’est jamais donné, il est promis. 

Il y a donc dans ce texte un mouvement qui va du local, de l’enracinement généalogique à un dépassement, expression de la radicalité de la parole messianique que les gens de Nazareth pensaient pouvoir territorialiser et l’Evangile sera construit sur ce mouvement: on vous a dit, moi je vous dis: le territoire, l’extraterritorialité, l’attendu, l’inattendu.  

AMEN

Confession de foi

Nous croyons en Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu, qui s’est fait homme pour que nous ayons pardon, joie et salut. Nous croyons qu’il est mort et ressuscité pour nous donner la victoire sur la mort et l’assurance de notre résurrection. Nous croyons qu’il viendra dans la puissance et la gloire, comme il est venu dans la faiblesse et l’humilité. Par lui, nous croyons en Dieu notre Père, qui nous prend pour ses enfants et nous aime comme Il aime Jésus-Christ. Nous croyons en l’Esprit Saint qui agit en notre esprit et nous atteste que nous sommes enfants de Dieu, qui guide l’Eglise par sa Parole et nous révèle la gloire de Jésus-Christ. Nous croyons l’Eglise universelle, visible et invisible, pécheresse et pardonnée. Nous croyons que nous sommes tous liés à Jésus-Christ. Nous croyons que le Royaume de Dieu est notre commune espérance. Amen. 

Prière d’intercession

Nous te prions pour celles et ceux qui ont faim, fais-nous découvrir la joie du partage. Nous te prions pour les immigrés et les exilés, prépare-nous à les accueillir avec toutes leurs différences. Nous te prions pour les solitaires, conduis-nous sur le chemin de leur souffrance. Nous te prions pour les méprisés et les détenus, rappelle-nous qu’ils ont droit au respect. Nous te prions pour les malades, inspire-nous l’offrande d’une présence. Nous te prions pour celles et ceux qui exercent l’autorité dans le monde ; donne à chacun de nous d’assumer ses responsabilités. Nous te prions pour ton Eglise, apprends-lui à rester fidèle. Amen

Notre Père

Notre Père qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ; pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. Ne nous soumets pas à la tentation mais délivre-nous du mal, car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire, aux siècles des siècles. Amen. 

Envoi

Béni soit Dieu, Il nous a donné sa Parole pour que nous l’entendions, Il nous a promis son Royaume pour que nous espérions. Allez, avec vos sœurs et vos frères, dans l’audace et l’adoration, “la joie de Dieu sera votre force”.

Bénédiction

Recevons la bénédiction de la part de Dieu : “Le Seigneur de la paix vous donne lui-même la paix, en tout temps et de toute manière”. Amen. 

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