Culte du 10 janvier 2021
La tempête apaisée
Accueil :
Frères et sœurs de l’Eglise de Beyrouth, je suis content de partager ce moment de culte avec vous j’aurai voulu être présent mais la pandémie en a encore décidé autrement.
Plaçons-nous maintenant devant le Seigneur
La grâce et la paix vous sont données de la part de Dieu notre Père et de Jésus-Christ notre Sauveur. Le Seigneur nous appelle. Le Seigneur nous rassemble. Le Seigneur nous unit. Il est présent parmi nous.
Louange
Seigneur
Tu es la source et l’estuaire
Tu es l’aube et l’aube à nouveau
La lettre première et dernière
Et tu es la cire et le sceau.
Tu es le don et la demande
Tu es la joie et le tourment
Tu es le donneur et l’offrande
L’origine et l’achèvement.
Tu es le ciel sur nos désordres
Et la terre où nous nous aimons
L’univers contient tous les astres
Et ton nom contient tous nos noms.
Amen
Repentance
Père, je ne veux pas ce matin faire la liste de tous mes manquements et de toutes mes fautes, de mes faiblesses et de mes imperfections. Je le sais bien, tu le sais bien, je ne suis pas un être parfait. Père, je veux ce matin déposer ma vie devant toi, toute ma vie. Non plus seulement les pensées furtives, les prières secrètes, les élans momentanés que je t’accorde quand cela me plaît. Mais toute ma vie, ses jours et ses nuits, pour que toute ma vie soit aimée par toi, apaisée par toi. C’est vrai, tu n’es pas le seul Dieu dans mon existence, il y en a tant d’autres, je le reconnais, et puis il y en a un immense, et c’est moi-même. Je ne me méprise pas;Je ne te demande pas de m’abaisser. Je te demande, Père, de me libérer de l’angoisse de vouloir tout maîtriser, de me délivrer de la pensée que je doive faire mes preuves à chaque instant. Rappelle-moi sans cesse que la paix vient de toi, que la vie vient de toi, que l’amour vient de toi, que l’espérance vient de toi. Amen.
Pardon
Le salut ne vient pas de notre propre mérite, il est un don de Dieu. Il ne vient pas de nos œuvres humaines car personne ne saurait se glorifier de ses actes. C’est par la grâce que nous sommes sauvés, par le moyen de la foi. Que Dieu nous mette au cœur l’assurance de son pardon et qu’Il nous donne de marcher vers son Royaume. Amen
Prière avant de lire la Bible :Nous prions Dieu avant de lire les Ecritures, afin qu’elles deviennent pour nous Parole de vie.Père, tu n’ignores rien de nos réticences ni de nos résistances devant ta Parole. Tu sais combien nous nous esquivons lorsque ton Evangile se fait précis, Combien nous interprétons lorsqu’il nous interpelle trop, Combien nous oublions lorsqu’il se fait dérangeant. Et pourtant, nous revoici ce matin à l’écoute de ce que nous disent les Ecritures. C’est pourquoi nous te prions que ton Esprit nous accorde un cœur ouvert et une intelligence accueillante à ton Evangile. Derrière les mots que nous entendons, donne-nous de discerner ta Parole de Vie, ta Parole pour nos vies. Amen.
Première lecture: Marc 4, 35-41: Jésus calme une tempête
35 Le soir de ce même jour, Jésus dit à ses disciples : « Passons de l’autre côté du lac. » 36 Ils quittèrent donc la foule ; les disciples emmenèrent Jésus dans la barque où il se trouvait encore. D’autres barques l’accompagnaient. 37 Et voilà qu’un vent violent se mit à souffler, les vagues se jetaient dans la barque, à tel point que, déjà, elle se remplissait d’eau. 38 Jésus dormait sur un coussin, à l’arrière du bateau. Ses disciples le réveillent et lui disent : « Maître, nous allons mourir ! Cela ne te fait rien ? » 39 Jésus, réveillé, menaça le vent et dit au lac : « Silence ! tais-toi ! » Alors le vent tomba et il y eut un grand calme. 40 Jésus dit aux disciples : « Pourquoi avez-vous peur ? N’avez-vous pas encore la foi ? » 41Mais ils éprouvèrent une grande frayeur et ils se disaient les uns aux autres : « Qui est donc celui-ci, pour que même le vent et les flots lui obéissent ? »
2 Corinthiens 5, 14-17
14 En effet, l’amour du Christ nous saisit, nous qui avons la certitude qu’un seul est mort pour tous et, donc, que tous ont part à sa mort. 15 Il est mort pour tous afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux. 16 Voilà pourquoi nous ne considérons plus personne d’une manière purement humaine. Même si, autrefois, nous avons considéré le Christ d’une manière humaine, maintenant nous ne le considérons plus ainsi. 17 Ainsi, si quelqu’un est uni au Christ, il est une nouvelle création : ce qui est ancien a disparu, une réalité nouvelle est là.
Prédication :
Jésus dort à l’arrière du bateau, une tempête se lève, la tempête qui les menace est un phénomène tout à fait connu sur le lac de Génésareth. Le lac est comme une cuvette, avec un niveau de l’eau à moins de 200m en dessous du niveau de la mer et tout entouré de hautes collines. Les habitants de la région savent bien que son aspect peut changer d’un coup. Après quelques journées de chaleur, le vent peut se lever d’un coup et tomber presque verticalement sur la surface de l’eau. Cela provoque de grandes vagues, qui font penser à une tempête. Et puis tout d’un coup, tout s’arrête, le vent disparaît, et le calme revient, au point qu’on a du mal à croire ce qui était arrivé. Pour ceux qui se sont trouvés sur le lac à ce moment-là c’est effectivement très périlleux.
De même dans nos vies, personne ne peut échapper au danger de certaines forces naturelles ou de certains événements tragiques qui semblent frapper de manière aveugle. Il est bon alors de pouvoir crier sa détresse au Dieu tout-puissant pour lui demander qu’il nous délivre de ce danger …mais nous n’échappons pas toujours au malheur qui guette nos vies.
Ne mettons cependant pas Dieu à notre mesure et le but de notre texte n’est pas de nous apprendre à crier au secours. Les disciples le font, mais c’est comme si Jésus ne l’approuvait pas et au contraire il semble leur reprocher leur peur : « Pourquoi êtes-vous peureux ? N’avez-vous pas encore de foi ? »
Je vous propose ce matin d’approfondir cette relation que le texte évoque entre peur et foi. La foi comme remède à la peur. « Ne crains pas, crois seulement » dira Jésus au chef de la Synagogue dont l’unique fille est mourante.
La peur saisit devant l’inconnu, devant le vide abyssal qui s’ouvre devant l’homme et l’impression de vivre en permanence au bord de ce gouffre qui peut nous engloutir à chaque instant. Oui nous voudrions pouvoir nous mettre à l’abri quand la peur nous saisit devant la réalité de notre monde et je n’énumérerai pas toutes les bonnes raisons que nous aurions d’avoir peur d’aujourd’hui et de demain. L’objectif de mon propos n’est pas de déprimer toute l’assemblée mais simplement de faire remarquer que la peur est un sentiment bien plus partagé que la confiance que pourtant ici dimanche après dimanche nous affirmons. La peur commande beaucoup de nos actions et de nos pensées et pour gagner en sécurité nous sommes prêts à croire en l’homme providentiel, en la loi miracle, en la construction de murs.. du concret et des actes. Mais d’un autre côté, la peur peut être quelque chose de très précieux, je lisais récemment l’article d’un psychologue qui disait que la peur permet de nous tenir en éveil, elle permet de nous mettre en vigilance, la peur est une sorte d’injonction à l’attention. Selon lui, la peur nous permet d’agir et de mieux appréhender l’inconnu. La peur serait comme une frontière à passer, comme une étape à franchir. Si nous la traversons, alors nos champs d’intérêt et les rapports que nous entretenons avec le monde, avec les autres, s’en trouveront décuplés.
Dans notre texte Jésus joue son absence, devant les disciples il anticipe le fait qu’il ne sera plus parmi eux d’ici peu et au lieu de les préparer en douceur il les met directement en situation de danger. Reconnaissons ici qu’il est bien peu pédagogue et qu’au lieu de leur apprendre à maîtriser leur peur et à naviguer avec le vent, quoique charpentier il ne devait pas trop s’y connaître en courant marin, Jésus préfère les provoquer et s’endormir dans la barque au milieu de la tempête. Le calme de Jésus faisant contraste d’une part avec l’agitation du lac et d’autre part avec l’agitation des disciples qui cumulent peur des éléments naturels et impression d’avoir été trahi par celui qu’ils suivent comme un maître absolu. Jésus organise sa présence/absence dans des conditions que nous pourrions qualifier d’extrême et ce tableau saisissant nous interroge principalement sur notre capacité à vivre en autonomie. Serons-nous nous passer de celui qui nous conduit ? Nous souhaitons un Dieu qui nous dise tout ce que nous devrions faire, un Dieu qui nous apprenne à vivre comme un bon croyant. Mais un tel Dieu n’existe que dans l’imagination féconde de l’être humain qui projette souvent son propre désir de grandeur et de puissance sur la force divine. Le rêve religieux de tous les temps c’est d’échapper à nos limites, à notre finitude. Peut-on mieux dire que l’évangile est le renversement de toutes nos images de Dieu ? Si Jésus intervient pour arrêter la tempête ce n’est pas pour faire un acte de puissance mais pour montrer aux disciples que leur foi est dépendante des actes magiques d’une personne et donc difficilement universalisable car n’oublions jamais que ce texte n’est pas destiné aux passagers de la barque mais à des passagers d’une autre barque et au-delà de l’image maritime à la barque qu’est l’Eglise. Alors comme le disait un de mes collègues, ici Jésus ne nous apprend pas à crier mais à dormir et provocation mise à part, il n’a pas tout à fait tort. Et dormir c’est quoi ? Dormir c’est faire confiance, on ne peut pas dormir quand on a peur ou quand on est angoissé, on ne peut pas trouver le sommeil quand notre esprit est agité. Jésus veut nous apprendre à dormir, c’est-à-dire à comprendre au plus profond de notre âme que nous n’avons rien à craindre, ni de la réalité extérieure, ni des forces profondes qui s’agitent en nous. Il nous invite à trouver la paix, la paix intérieure en toutes circonstances. Mais comme les disciples nous nous levons pour savoir comment faire pour avoir cette paix intérieure. Mais justement nous n’avons rien à « faire ». Juste comprendre, il faut nous convaincre que la mer de nos angoisses n’est pas un gouffre sans fond, que même l’abîme le plus profond n’est pas infini. Il faut nous convaincre que Dieu est là, sous notre mer, plus profond que l’abîme. Il est là solide, sous la mer de notre angoisse. La seule force capable d’arrêter le vent, c’est la confiance. Mais sans cesse dans nos existences, nous interrogeons et réinterrogeons à nouveau cette confiance et c’est pourquoi des textes comme celui-ci prennent place dans l’espace de nos cultes et de nos Eglises. L’identité de Jésus qui commande au « vent et à la mer » est reposé. Le véritable miracle de notre vie, c’est d’essayer de ne pas perdre cette paix et cette tranquillité au milieu même de nos angoisses, quelle que soit la tempête.
Alors d’un bout à l’autre de l’Evangile de Marc est posée la question : qui est-il ? L’identité de Jésus est la grande interrogation en débat et la réponse n’est jamais donnée. Ou à peine donnée, la question est aussitôt relancée. La réponse reste en suspens. Le lecteur pourrait s ‘attendre à ce que cette réponse naisse enfin de la parole de Pâques. Mais les femmes au tombeau s’enfuient saisis de crainte et ne disent rien à personne. La théologie chrétienne, dit en substance Luther, n’a pas son origine sur les hauteurs, mais tout en bas, au plus bas des profondeurs. Elle s’arrête à cette figure du crucifié. Parce qu’ici Dieu se dévoile comme celui qui assume l’indicible de la souffrance humaine, toute cette souffrance qi n’a pas de sens, qui n’aura jamais de sens.
Amen
Confession de foi
Eclairés et rassemblés par la Parole de Dieu, nous affirmons notre foi:Nous croyons en Dieu. Malgré son silence et son secret, nous croyons qu’Il est vivant. Malgré le mal et la souffrance, nous croyons qu’Il a fait le monde pour le bonheur de la vie. Malgré les limites de notre raison et les révoltes de notre cœur, nous croyons en Dieu. Nous croyons en Jésus-Christ. Malgré les siècles qui nous séparent du temps où il est venu, nous croyons en sa Parole. Malgré nos incompréhensions et nos refus, nous croyons en sa résurrection. Malgré sa faiblesse et sa pauvreté, nous croyons en son règne. Nous croyons en l’Esprit Saint. Malgré les apparences, nous croyons qu’il conduit l’Eglise. Malgré la mort, nous croyons à la vie éternelle. Malgré l’ignorance et l’incrédulité, nous croyons que le Royaume de Dieu est promis à tous. Amen.
Intercession
Père, ta Parole nous a redit ton amour pour ce monde.Nous te prions pour les responsables des nations qui rêvent de leur imposer silence. Nous te prions pour celles et ceux qui n’ont aucun pouvoir, pas même celui de faire entendre leur voix, et qui fuient devant la force des puissants. Nous te prions pour les riches qu’inquiète le cri des affamés; nous te prions pour les affamés que révolte le gaspillage des riches. Nous te prions pour les chefs de guerre qui ne connaissent que les armes pour instaurer la paix. Nous te prions pour les artisans de paix qui ne parviennent pas à faire reculer la haine et la violence. Nous te prions pour celles et ceux qui, dans l’insouciance de leur bonne santé, se préoccupent uniquement de leur corps. Nous te prions pour les malades qu’angoissent la souffrance, la solitude et la mort. Nous te prions pour les croyants sans cesse guettés par le doute, et pour les incroyants que la soif de comprendre et la joie de vivre rapprochent mystérieusement de toi. Beaucoup de nos frères et de nos soeurs en Christ comptent aujourd’hui sur notre prière. Nous te les nommons dans le secret de nos coeurs.
Nous nous reconnaissons en chacun d’eux. Comme eux, nous avons besoin, jour après jour, de ta grâce. Avec eux, nous nous remettons entre tes mains et nous nous confions à ton amour manifesté en Jésus-Christ.
Notre Père …….
Envoi/ bénédiction
Allez et marchez. Que le monde voie votre lumière, Qu’il entende votre parole, Qu’il ressente votre joie, Car vous êtes des témoins du Christ ressuscité.
Dieu vous bénit. La lumière du Père éclaire votre chemin. La parole du Christ sanctifie votre vie. La communion de l’Esprit-Saint fortifie votre cœur.