|
|
Le sermon du lendemainLundi 29 février 2016 En communion avec les chrétiens d'Alep (Syrie)
|
"Espérance chérie""Nous mettons notre fierté dans l’espérance de la gloire de Dieu" (Rom 5.2)
|
J’étais bien avancé dans ma préparation routinière de mon sermon dominical (eh oui ça arrive !), quand une lettre de l’Action Chrétienne en Orient tombe dans ma boite mail. Des nouvelles alarmantes venant d’Alep. C’est à 298 km de chez moi. Depuis quelques jours les combats et les bombardements se déchaînent sur la ville. Le pasteur Bchara, de l’Eglise évangélique arménienne d’Alep, que j’ai rencontré à Beyrouth lors d’une pastorale, témoigne avec des mots qui font froid dans le dos : « Les bombes utilisées sont capables de détruire des immeubles entiers. Nous n’avons pas pu dormir durant la nuit de samedi à dimanche, deux immeubles ont été totalement détruits à 150 m à notre droite et à notre gauche. » Les arméniens de Syrie voient l’histoire de leur peuple se réécrire à l’identique : « 100 ans après le génocide de 1915, la tragédie actuelle tue, terrorise et déporte". Chrétiens et musulmans abandonnent le travail d'une vie, sans espoir de revenir ; leur seule préoccupation rester en vie. En communion avec les chrétiens de Syrie et d’Irak (mais j'y inclue toute personne victime de la guerre), l’ACO nous invite dans ce courrier à prêcher le passage de Romains 5.1-5.
|
Romains 5.1-5 (NBS) 1 Justifiés par la foi, nous sommes en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ ; 2 par lui nous avons accès, par la foi, à cette grâce en laquelle nous sommes établis et nous mettons notre fierté dans l’espérance de la gloire de Dieu. 3 Bien plus, nous mettons notre fierté dans nos détresses mêmes, sachant que la détresse produit la persévérance, 4 la persévérance la fidélité éprouvée, la fidélité éprouvée l’espérance ; 5 et l’espérance ne trompe pas, car l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné.
|
"Par la foi ! oui par la foi ! nous ma-ar-cherons !"« Justifiés par la foi, nous sommes en paix avec Dieu ; Nous mettons notre fierté dans nos détresses même, sachant que la détresse produit la persévérance, 4 la persévérance la fidélité éprouvée, la fidélité éprouvée l’espérance. » Cette mise en perspective du texte biblique et de l'actualité syrienne, provoque un effet déroutant. Comment ces familles sous les bombes peuvent -elles entendre les mots de Paul : paix, persévérance, fidélité et espérance, ? Les mots de colère, vengeance et désespérance ne montent-ils pas plus spontanément à la bouche de ces gens ? Et que peuvent signifier ces mêmes versets pour un Français de ma génération, qui n’a connu ni guerre, ni persécution. Quel sens puis-je donner au mot « épreuve » ? Et même si tout cela reste très subjectif, puis-je témoigner d’une seule véritable détresse ? Je peux même pousser l’interrogation un peu plus loin... Cette « justification par la foi », cette délivrance opérée en moi par le seul fait de l’amour de Dieu, n’est-elle pas devenue une sorte de mélodie biblique qui berce mon existence, mais dont je ne sais plus vraiment ce qu’elle veut dire ? Pour le dire autrement, quand on n'est menacé par rien, de quoi au juste peut-on être sauvé ? Au fond, en quel Dieu croyons-nous ? Celui des religions ? Un Dieu au regard inquiétant qui compte les points, rétribue, approuve ou condamne ? Le passage de Jésus sur cette terre a-t-il changé quelque chose dans ce rapport au divin si commun et si désespérant ?
|
L'inversion des rapportsJ'aimerais montrer que cette doctrine de la justification par la foi plus qu’une dogmatique protestante, est une parole qui fait vivre. Paul montre ici que la justice de Dieu, [justice dont Dieu, au nom de son amour, nous recouvre et qui nous rend juste], a pour effet d’apaiser, de pacifier notre rapport à Dieu et au monde. La découverte de Paul, c'est qu'il n’y a rien d’autre à faire que se laisser faire par l’amour du Christ, répandu dans nos cœurs par l'Esprit. Chacun de nous est bien appelé à une pentecôte personnelle. Il ne s'agit pas de la paix des gens qui n’ont rien à se reprocher ou qui n'ont ni question ni tourments ; c’est la paix du coupable que le juge décide de relaxer. La justification par la foi produit en nous cet effet-là : soulagement, apaisement, joie, reconnaissance : on s’était bien trompé sur Dieu et l'on découvre soudain qu’il n'est qu'amour en Jésus. Par la foi en Jésus, nous sommes rendus capables de vivre en paix avec le monde entier ; je ne dis pas que nous le sommes, mais nous sommes équipés pour cela. Libre à chacun de rouler en première, assis au volant d'une Porsche ! Image consternante de la vie chrétienne - la mienne, la vôtre peut-être... En plaçant le Christ au centre de nos vies, nous pouvons nous découvrir réconciliés. Nous sommes rendus capables de transformer notre rapport aux réalités les plus éprouvantes. Il nous est possible de faire de la peur un lieu de paix, de l’animosité un tremplin de fraternité. L’épreuve, qui jusqu’ici me remplissait de révolte, d’amertume ou de résignation, devient une porte d’espérance ; cette transformation de l’adversité en son contraire, quand elle se produit, constitue une preuve tangible de l’existence du Dieu de Jésus-Christ.
|
Écoutons-les nous prêcher l’Évangile !Pour être honnête, je ne sais pas si j’aurai eu le courage d'aller prêcher ce texte devant les chrétiens d’Alep. Aurais-je pu leur dire : « Considérez frères et sœurs ce que vous endurez comme une porte d’espérance ? » Je préfère vous laisser avec les mots d'un autre pasteur syrien, prêchant lui-même, ces jours-ci, sur ce même texte de Paul :« L’espérance est un choix ! Si vous manquez d’espérance, ce n’est pas la faute aux circonstances, mais à la façon que vous avez choisi de réagir aux circonstances. Dieu veut vous aider à faire le choix de l’espérance mais il ne le fera pas à votre place. » Le pasteur achève sa prédication par cette parole : « La prochaine fois que vous commencerez à vous sentir accablés, choisissez l’espérance et continuez à la choisir aussi longtemps que vos épreuves dureront. » Amen ! Je vous laisse avec la prière d'intercession de Christine Lacoste, prononcée à la fin de ce culte solidaire.
|
Seigneur, Nous voulons te remettre toutes celles et ceux qui vivent dans des pays en guerre. Ceux qui, non combattants au milieu des combats sont à chaque instant menacés dans leur vie. Nous te prions en particulier pour l'Eglise d'Alep et son pasteur, Bchara, pour toutes ces familles qui, fuyant leur maison, leur région leur pays avec la peur pour … Lire la suite.
|
Ces traces dans le sable pourraient être aujourd'hui celles de l'espérance chrétienne. Sur quoi débouche-t-elle ? Se perd -t-elle dans le désert des croyances chimériques ou chemine-t-elle vers l'oasis de la paix et de la fraternité entre les hommes réunis autour du Seigneur Jésus ?
|
|
|
|
|