Tu ne mettras pas à l'épreuve le Seigneur ton Dieu
Parce qu'on ne peut pas tout dire, je choisis de m’intéresser à la troisième tentation… (La seconde m'interpèlerait-elle trop ? ;)
Après l'avoir conduit "plus haut" (v.5), le diable l’emmène maintenant tout en haut : pour les juifs, le toit du temple, c’est le toit du monde ! C'est surtout le lieu de la Parole...
« Si tu es le fils de Dieu, jette-toi d’ici en bas, Dieu donnera pour toi ordre à ses anges..."
Le diable cite la Bible, le Psaume 91.11-12 ; comme le serpent dans le livre de la Genèse. Son intention est d'inviter Jésus à une certaine lecture de la Bible.
Une lecture à la fois littéraliste et partisane. Littéraliste, parce que si "Dieu a dit", il ne faut pas chercher à comprendre, à interpréter (n'est-il pas écrit : "tout ce qu'on ajoute vient du mauvais ! Mat 5.37), il faut donc sauter ! Partisane, parce qu'on prend un petit bout de la Bible et on lui fait dire ce que l’on veut. La lecture littéraliste fait violence à la parole de Dieu. Que dit le psaume 91 ? Il ne parle pas de saut dans le vide, mais de demeurer en Dieu : « Oui, Seigneur j’ai fait de toi mon refuge ! » (v.9). Jésus récuse ici la lecture fondamentaliste de la Bible ; il nous invite à cheminer dans le souffle d'une Parole vivante et non à idolâtrer la lettre.
« Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. » Autrement dit, tu ne lui demanderas pas des choses qu’il t’a déjà données ! Au contraire, tu vivras dans la confiance et la reconnaissance en toutes circonstances.
L'an prochain à Jérusalem ?
Devant tant de simplicité et de foi, le diable est épuisé ; il s’écarte. Littéralement "jusqu’au temps" … Quel temps ? Le temps du prochain rendez-vous à Jérusalem, un certain vendredi soir.
Le diable n'était-il pas à Gethsémané, suggérant l'éloignement de la coupe de douleur ? Une nouvelle fois, Dieu n’enverra aucun ange porter Jésus. Mais dans cette solitude, ce vide, cette passion pour l’humanité, s'accomplira le salut du monde.
C’est Jésus seul, et non les anges, qui portera le monde afin que la mort ne soit plus et que la vie nous soit donnée en abondance.
C'est lui enfin qui creusera le vide de ce tombeau de Pâques, comme au désert s'était creusé en lui l'amour pour notre humanité.