Des mages ?
Il s’agit probablement des scientifiques de l’époque : les Perses ont toujours eu d’excellents mathématiciens et astronomes qui passaient leur temps à fabriquer des calendriers en fonction des étoiles et des cycles lunaires. On leur doit la datation des grands événements de l’antiquité.
Mais on sait aussi que la science à cette époque ne se limitait pas à l’observation des phénomènes naturels ; un scientifique, c’était tout à la fois un médecin, un prêtre, un astrologue, un magicien, un philosophe.
On n’était pas encore allé sur la lune et le ciel représentait matériellement l’espace infini où Dieu habitait.
Et nos mages observaient le ciel pour y découvrir un signe, y lire un présage, un message venant de l’horizon divin. C’était des hommes qui attendaient quelque chose du ciel, des hommes de l’espérance.
La Bible n’est pas vraiment tendre envers les devins, les magiciens et les astrologues :
« Qu'on ne trouve chez toi personne qui exerce le métier de devin, d'astrologue ou de magicien » (Deut 18.13).
L'appel des infréquentables
C’est pourtant bien « ces gens-là » que Dieu guide vers la crèche. Des étrangers, des païens polythéistes, les croyants syncrétistes qui mélangent tout, des infréquentables…
Alors quand je vois les 7 nains dans la crèche d’Achrafieh ; quand je vois le bœuf, l’âne, et le petit Jésus entourés de toute la superstition du monde, au lieu de jeter la première pierre de la rectitude doctrinale, le pavé de la bonne lecture évangélique, je suis invité à me regarder dans le miroir de ce récit.
Ma foi est-elle aussi pure de tout élément superstitieux que je le prétends ?
Une foi épurée ou disparue ?
Il est vrai que la foi protestante a certainement plus péché par intellectualisme que par superstition. Si la Réforme est iconoclaste, si elle épure le dogme de ses fausses croyances et le libère de ses idoles, demandons-nous, devant la crèche, si à force d'épurer, il nous reste encore un peu de foi?
Ce que nous dit le récit des mages, c’est que Dieu prend l’initiative de la rencontre. Comme les mages, Dieu nous appelle de loin. Même après 2000 ans de christianisme, nous partons de très loin ; notre rationalisme ou nos superstitions nous éloignent de Dieu ; Si Dieu ne nous appelle, s’il ne conduit nos pas, s’il ne nous fait pas signe, nous ne savons pas par quel chemin nous approcher de lui. Nous restons dans la nuit de la superstition ou de l’incrédulité.
Repartons en voyage frères et sœurs ! Redevenons quelques instants étrangers à toute cette histoire. Refaisons la route de notre orient vers la crèche ! Et au bout du chemin, là devant la crèche, que trouverons-nous ? Aucune révélation renversante, aucun mystère dévoilé, aucune religion révélée, ni protestantisme, ni catholicisme, ni orthodoxie, il n’y a qu’un enfant... Noël, c’est une naissance. C’est Dieu qui vient au monde et non l’humanité qui monte au ciel ; Dieu avec nous, avec tous les étrangers du monde, et non Dieu pour nous seuls. Dieu qui se donne dans la simplicité d’un enfant. Emmanuel.
2016 : Toujours joyeux ? (1Thess 5.16)
Quel effet a eu cette vision sur les mages ? « Quand ils aperçurent l’étoile, ils furent saisis d’une très grande joie ».
Voici peut-être le signe le plus tangible de la rencontre avec le Seigneur : la joie !
Si cet après-midi on vous demande : « Alors qu’est-ce que tu as fait de ta journée de repos aujourd’hui ? » et que vous répondez : « Rien de spécial : je me suis levé, j’ai pris un petit café et je suis allé au culte, j’ai prié le Seigneur et je suis rentré chez moi.» Il est possible, il est même certain, que quelque chose manque à votre vie. Vous avez rencontré le Seigneur ? Et cela ne vous a fait ni chaud, ni froid ? N’avez-vous pas ressenti, comme les compagnons sur le chemin d’Emmaüs, et les mages devant la crèche, un feu qui embrasait vos cœurs ? A moins que vous ne soyez passés à côté de cette rencontre ? La joie, frères et sœurs, où est passée la joie de la rencontre avec l’enfant de Noël, notre Seigneur Jésus? Je ne parle pas de l’exubérance que certaines Eglises manipulent comme un interrupteur.
Je songe à cette joie profonde de la rencontre ; une joie existentielle qui marque bien plus que l’instant présent ; une joie qui, comme l’étoile, met en marche et oriente tout notre être pour le voyage d’une vie. Cette joie dont parlera Paul aux chrétiens de l’Eglise de Philippe : « Soyez toujours joyeux ! » Voilà une belle exhortation pour ouvrir cette nouvelle année vous ne trouvez pas ? C’est plus qu’un vœu, c’est un programme, un voyage ! Soyez toujours joyeux en Jésus-Christ !