« Après les jours de détresse », dit Jésus. Un jour comme aujourd’hui... (hier 15.11.2015)
Au lendemain des attentats de Bourj el Brajneh et de Paris, le ciel s’est obscurci sur la France et le Liban. La « détresse » est passée, déversant son torrent de sang et de larmes, emportant tout sur son passage, affectant notre lucidité, attisant la colère, nous submergeant de tristesse et d’angoisse. La détresse est ainsi, totalitaire, ne laissant pas la moindre place aux autres sentiments.
Je vous invite ce matin à nous laisser déplacer par la parole du Christ. Il parle de ce qui vient « après la détresse ». nous invitant à porter nos regards plus loin.
La première chose qui est annoncée : c’est la venue d’un jour de grand ébranlement. L’ébranlement de l’univers tout entier, sur ses bases. Il n’est pas question ici des crises comme celle du climat, de l’économie mondiale, ni même de l’hégémonie meurtrière d’un Etat islamique. Jésus parle d’un ébranlement universel dont l’homme ne sera pas la cause.
Viennent les temps où ce qui est hors de portée de tout ébranlement sera ébranlé. Où le défilement même des jours et des années ne sera plus assuré, puisque même les astres qui président au jour et à la nuit ne donneront plus leur clarté, ce sera la fin du rythme du temps et de l’ordonnancement du monde.
Ce jour vient, dit Jésus, et il interroge vigoureusement cette confiance aveugle et servile que nous plaçons dans ce qui a l’apparence de la solidité, dans ces espérances trompeuses auxquelles nous nous rallions, la banque, l’économie, la politique. N’oublions pas que Jésus prononce ces paroles apocalyptiques devant le temple de Jérusalem (arc 13.1-2), symbole de stabilité et de force. Le grand ébranlement universel interroge donc les repères les plus solides. Même les hautes valeurs que sont la famille et la religion ne seront pas épargnées. Que restera-t-il de tout cela ?
Au grand ébranlement de l’univers s’ajoute un second phénomène, celui du grand rassemblement : « 27 Alors il enverra les anges et, des quatre vents, de l’extrémité de la terre à l’extrémité du ciel, il rassemblera ses élus. »
La fin du vieux monde ne débouche pas ici sur le jugement, l’accusation, la rétribution, mais sur le grand rassemblement. Celui de tous "les élus" ; c’est à dire, de celles et ceux en qui Dieu a confiance, sans que ne soit indiquée la raison et les critères de cette confiance. Ces critères d’élection sont les siens et j’ai confiance qu’ils sont plus larges et plus généreux que les nôtres !
Hier, un reportage montrait un membre de Daech fait prisonnier par l'armée irakiennes. Il s'est repenti pour les centaines de vies qu'il a emporté dans sa folie meurtrière. Il sait que cette repentance ne changera rien à l'issue : la peine de mort pour lui est inéluctable. Du moins implore-t-il maintenant le pardon de Dieu et de sa famille... Sera-t-il parmi ces élus du Seigneur ? Sans aucun doute à mes yeux, comme le brigand sur la croix.
Revenons au texte... Ce lendemain de détresse débouchera donc sur un élargissement de nos visions. Que verra-t-on ? Le fils de l’homme enfin! J’aime cette expression "Fils de l’homme". Nous serons en présence de celui qui porte en lui l’humanité véritable, l’humanité selon le cœur de Dieu. Le dernier jour, chez Marc, ne va pas révéler la divinité brûlante, la sainteté aveuglante, mais d’humanité filiale, celle précisément que nous avons tous reçue en cadeau et que nous avons perdue en chemin. Le Fils de l’homme vient nous réconcilier avec notre humanité perdue. La détresse débouche donc sur cette rencontre, cet élection-vocation au rassemblement, cette réconciliation inouïe. C’est ce que dit la parabole du figuier…